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Les livres de Jérôme Thirolle
12 janvier 2012

Le spectre de la grippe…

 

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Photo JT

Les vicissitudes étatico-scientifiques d’il y a deux ans environ autour de la terrifiante menace affublée du terme un peu barbare de H1N1 nous restent encore en mémoire. Les gymnases transformés en dispensaires, les centres de vaccination improvisés, les doses de vaccins par millions, avec ou sans sels d’aluminium, les experts annonçant sur le petit écran ou dans les colonnes des journaux, même les plus sérieux, une surenchère de catastrophes inévitables se perdront peu à peu dans les souvenirs…

La moitié de la planète attendait fébrilement le déferlement de cette épouvantable pandémie pendant que l’autre n’y prêtait pas attention. Avec le recul, on peut considérer que cet immense battage médiatique, issu en grande partie d’un principe de précaution né en France de la sous-estimation des conséquences de la canicule de 2003, aura eu au moins une conséquence néfaste, en dehors de son coût prohibitif pour la collectivité : l’indifférence du plus grand nombre en cas de retour de la menace. Quand on crie trop souvent au loup…

Et pourtant. Le monde n’est pas à l’abri d’une épidémie de grande ampleur. Si nous ne sommes certes plus à l’époque de la peste noire ou du choléra, l’Humanité a tout de même été frappée par un fléau majeur il y a moins d’un siècle : la grippe espagnole.

Je ne reviendrai ni sur ses origines ni sur son expansion entre 1918 et 1920 ; je ne conserverai de cette plaie hideuse qu’un chiffre : vingt millions de morts. Et même peut-être davantage… Plus de victimes que le Premier conflit mondial à lui seul ! Frappé par cet excès de malheurs au moment où l’euphorie de la paix retrouvée gagnait les esprits, j’ai voulu ressusciter son souvenir pas si lointain dans Les Doigts d’or d’Elise, quitte à y perdre certains de mes personnages… (Chapitre XVII Le spectre de la grippe espagnole, p 225 et suivantes dans l’édition d’origine, p 257 et suivantes dans l’édition de poche).

 LesDoigtsDOrElisecouverturedulivre

Extraits :

 Au départ, personne n’y avait vraiment prêté attention. Il faut dire que l’ambiance générale était à la fête et à l’optimisme triomphant. Plus rien ne serait comme avant, on n’oublierait pas de sitôt la Der des der mais elle le resterait pour toujours... Tel était le credo de cette période de renaissance moderne. Le mal prit tout le monde de court. […]

*

Depuis quelques semaines, Auguste avait lu ici ou là dans la presse quelques entrefilets discrets sur un mal mystérieux, une sorte d’épidémie particulière de pneumococcie qui avait frappé surtout les Annamites dans les rangs de l’armée française. Une grippe d’une virulence rare qui s’attaquait systématiquement aux plus faibles avec une rapidité hors du commun. […]

 *

« Je vais l’emmener à l’hôpital ! » Auguste avait pris la seule décision qui lui semblait convenir au drame qui se nouait.

« À l’hôpital, mais pour quoi faire ? » Valentine prit peur en l’entendant prononcer ces mots.

« Ils pourront le soigner mieux que nous ne le ferons ici à le regarder sans rien faire...

– À quoi pensez-vous Auguste ? demanda Élise.

– À rien, ma chère, rassurez-vous, mais c’est plus prudent. Il sera soigné rapidement là-bas. »

Il ne la regarda pas dans les yeux. Deux mots lui venaient en tête. Il imaginait déjà le pire, un mal foudroyant qui semblait

commencer à faire des ravages en Europe. Deux mots qui deviendraient vite familiers : la « grippe espagnole ». 

 *

J’ai souhaité inscrire cet événement historique dans le récit, à la fois en hommage posthume à toutes les victimes, anonymes ou oubliées, fauchées par cette maladie, et en tant que fanion de la mémoire dans le paysage de notre histoire récente.

Paix aux cendres de toutes celles et de tous ceux qui y ont laissé la vie…

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