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Les livres de Jérôme Thirolle
31 juillet 2012

Sur la plage (suite)

On connaissait "Dallas" et son univers impitoyable, mais la plage, ce n'est pas mal non plus... Jamais vu autant de smartphones ! Serait-elle devenue un gigantesque showroom pour iPhone, Galaxy et autres joujoux technologiques pour pseudo-jeeks en mal de connectivité ? Moins pour appeler d'ailleurs que pour photographier et filmer tout et n'importe quoi, lorsqu'il ne s'agit pas de consulter compulsivement la multitude de réseaux dits "sociaux" qui pullulent désormais sur le Net et sans lesquels vous n'êtes plus rien si vous n'en faites pas (activement) partie... Dieu merci, quelques signes tangibles nous rattachaient à l'image plus traditionnelle qu'on pouvait se faire de la plage : "beignets pomme chocolat ! Beignets pomme chocolat", appel à la prière gourmande scandé sans relâche par un courageux arpenteur du littoral sous un soleil écrasant. Loin cependant de la gouaille méridionale du vendeur de "chouchous les pralines" qui, d'une voix de stentor, atteignait son public avec un décalé "ça fait bronzer, ça fait maigrir", renchérissant ponctuellement d'un non moins élégant "c'est moi qui les fais, c'est moi qui les vends et...c'est ma femme qui bouffe l'argent !". Même à cela on finit par s'habituer. Certainement un vestige pluri millénaire de cette capacité humaine à se faire à tout, fût-ce au pire... Il y avait aussi les familles avec poussettes à grosses roues qui se frayaient tant bien que mal un passage entre les estivants pour s'installer le plus près possible de l'eau et qui finissaient par se disputer à voix haute en moins de dix minutes à propos du chapeau que le petit dernier n'avait pas mis pour aller se baigner; les libidineux en tout genre, allongés sur le ventre, couvre-chef de paille sur la tête et lunettes de soleil noires sur les yeux, accessoires indispensables pour dissimuler la destination véritable de leurs regards attentifs, autrement dit les corps dénudés des innombrables nymphettes si fières d'exhiber sur le rivage leurs formes sensuellement plantureuses... Il y avait également celles et ceux qui s'assemblaient et se rassemblaient sur le sable en une sorte de campement de nomades improvisé avec force démonstration bruyante pour jeter ostensiblement à la face des solitaires des alentours qu'ils savaient, eux, se faire des amis et qu'ils entendaient le montrer et le faire savoir... Mais personne n'était dupe de cette comédie, plus creuse encore qu'un coquillage vide refoulé par les flots ou qu'un Facebooking de mauvais aloi. On apercevait aussi de temps en temps ces photographes de plage en quête de victimes consentantes qui, moyennant quelques clichés pris en contre-jour d'enfants jouant au bord de l'eau, remettaient avec solennité à des parents gênés de n'avoir pas su dire "non" un ticket pour retirer le soir venu les preuves de cette lâcheté hors de prix, sans engagement d'achat bien sûr... Près du poste des secouristes, une femme proposait à son mari une escapade au Marineland d'Antibes, à moins d'une heure de route. "_ Quand on connaît la fluidité du trafic côtier pendant l'été, autant vouloir traverser Lyon sous Fourvières à l'heure de pointe un jour classé noir par Bison Futé ! s'écria-t-il, sans lui accorder ne serait-ce qu'un regard. Et puis voir des grosses sardines en smoking faire le zouave devant la foule, très peu pour moi !" Verdict sans appel. Scènes de genre... La plage n'était donc qu'un lieu d'exhibition et de voyeurisme comme le sont devenus de nos jours les émissions de télé-réalité ou les incontournables réseaux sociaux. Mais en plus sympathique et en plus attendrissant d'une certaine manière. À petites doses, difficile de s'en passer...

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