Lassitude estivale...

Extrait du Boiteux du parc Sainte-Marie :

"Il avait loué un petit appartement au premier étage d’une résidence le long de la Promenade de la mer. La vue y était agréable et la ville plaisante. Il pouvait apercevoir depuis son balcon une jetée de gros rochers sur sa gauche qui s’avançait dans les flots et sur sa droite le port de plaisance où allaient et venaient yachts et voiliers. Il n’avait que la mer en face de lui avec, à l’horizon, la côte boisée de la Croix Valmer.

Il distinguait également la plage où les baigneurs occasionnels, plus passionnés de bronzage que de bains de mer, multipliaient à l’infini des jeux de raquettes le long du rivage.

Cette position de vigie lui permit de constater qu’il y avait moins de parasols à rayures, moins de seins nus et moins de glacières sur le sable qu’une vingtaine d’années plus tôt. Moins de coups de soleil ostentatoires aussi. Les messages de prévention de l’assurance maladie étaient peut-être passés par là.

Il se promena plusieurs fois à la nuit tombée en centre-ville, notamment sur la petite place en face de la mairie où les vacanciers repus de plage erraient sans but entre palmiers et jets d’eau, entre peintres amateurs et joueurs de pétanque, une glace - une boule ou deux boules - à la main.

Un après-midi où le vent s’était levé, il se rendit à Sainte-Maxime malgré une circulation automobile assez dense pour prendre une bière pression à la terrasse d’un café le long du port. Le spectacle qui l’entourait l’amusait : chauves à postiches, faux-riches, chevelures teintes, grands airs et petits riens. Mais pas au point d’y rester des heures ! Il repartit sitôt son verre vide.

Au bout de quelques jours, le bruit des voitures, le mistral et la routine invariable des estivants eurent raison de lui. Il décida de rentrer."