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Les livres de Jérôme Thirolle
3 mars 2013

Et si l'on cessait d'apprendre à écrire ?

Disparition stylo PhotoJT

«  Et si l’on cessait d’apprendre à écrire ? »  titrait récemment un grand hebdomadaire. A en croire un mouvement né aux Etats-Unis notamment, coucher des mots sur du papier à l’aide d’un stylo serait inévitablement voué à regagner les étagères poussiéreuses d’une histoire humaine presque révolue.

Pratique d’un autre temps, archaïsme inadapté au monde actuel et à sa gangrène mécano-informatique, l’acte d’écrire serait un mal devenu inutile dont il conviendrait de se débarrasser au plus vite. Les défenseurs de la planète y verront l’occasion d’épargner une partie des forêts du globe ! Plus d’écriture, donc moins besoin de papier. Certes… Encore que les métaux lourds et autres terres rares nécessaires à la confection de nos écrans quotidiens ne fassent pas grand bien à notre bonne vieille Terre, me semble-t-il. Mais je crois qu’au-delà du stylo, c’est la main qui est en cause. La main, ultime prolongement du cerveau, passeur charnel entre le monde des idées et le réel.  Un point de vue que ne partagerait peut-être pas le grand Pierre Larousse puisqu’il définit le mot « écrire » dans son Grand Dictionnaire du XIXème siècle de la manière suivante : « exprimer au moyen de signes les sons de la parole ou les idées ». Point de stylet, de stylo ou de main chez lui. Peu importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Un écran, un clavier, et alors ? Grâce à eux, on pourra évidemment toujours « exprimer au moyen de signes les sons de la parole ou les idées », donc la morale est sauve ! Mais à quoi ressemblera un univers de petites poucettes, comme dirait Michel Serres, réduites à tapoter avec frénésie sur des écrans de plus en plus intégrés au quotidien, invisibles à force d’être trop visibles ? L’adaptation s’impose, parait-il. Principe utilitariste et darwinien, s’il en est. Et moi qui suis incapable s’écrire le moindre texte directement sur un clavier ! Incapable d’envisager de faire vivre mes personnages sans un stylo en main et un cahier (ou du papier) devant moi ! Le clavier, c’est pour après. Pour la retranscription sur un traitement de texte qui rendra mes hiéroglyphes accessibles aux autres… Je fais encore partie de ces êtres surannés dont la pensée ou l’imagination ne peuvent s’ouvrir au jour sans le mouvement imperceptible mais excessivement rapide du crayon coincé entre le bout des doigts. Une vitesse que je ne retrouverais pas avec la clavier, tactile ou non, d’un ordinateur, d’une tablette numérique ou d’un smartphone dernière génération.

La fin de l’écriture ? Adieu donc les pattes de mouche, les pleins et les déliés, les taches d’encre ! Adieu la liberté de pouvoir dire ce que l’on veut sans la médiation indispensable de la machine. Un morceau de charbon de bois ou une craie suffisent pour faire naître sous les doigts et sur les murs, pictogrammes, dessins ou lettres alphabétiques en autant de langues qui soient. Point de batterie à recharger ni d’électronique versatile mais l’expression simple d’un désir ou d’une pensée. En un mot, la liberté. Que deviendra-t-elle si la machine rend l’âme dont elle est pourtant dépourvue ? Que deviendront celles et ceux à qui on n’aura pas enseigné l’art d’écrire ? Je ne saurais l’imaginer… Mais je me dis que, d’une certaine manière, écrire c’est résister !

Disparition de l'écriture PhotoJT

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Commentaires
Y
Je ne peux nul l'imaginer... Et si jamais c'était le cas, ça sera dommage pour nos progénitures futures puisqu'ils n'auront jamais l'opportunité de jouir d'un tel plaisir. Un tel engouement ne peut pas passer par une machine pour qu'il soit reconnu, mais par la main qui trace l'existence de chaque lettre, obéissant les ordre d'un cerveau qui a beau réfléchit pour enfin la concrétiser sur le magnifique papier accueillant généreusement ces accomplissements . La différence est laaaargement grande... la résistance est certes un défi, mais pour les vrais amateurs ,il est certainement docile de l'affronter puisqu'ils ne se résignerons jamais d'une telle jouissance procurée par le pouvoir d'un tel art.
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M
Juste bravo
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