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Les livres de Jérôme Thirolle
25 mars 2013

Jojo de la Pépinière

PhotoJT Larousse 1923

Quel point commun y a t-il entre Ramsès II, Lénine et Jojo de la Pépinière ? A priori, pas beaucoup. Et pourtant si, au moins un : ils ont été embaumés ! Ils ont voulu (ou on a voulu pour eux) parvenir à cet exploit qui consiste à défier la mort, à maintenir le corps en état de vie. Et qui dit corps intact dit, d’une certaine manière, poursuite de l’existence. Un peu figée, je le concède…

Jojo de la Pépinière, le célèbre Jojo, n’y fait pas exception. Il a désormais rejoint la cohorte de ces êtres à part qui ont le privilège de ne plus prendre une ride malgré les décennies qui passent.

Jojo ! Les Nancéiens de souche ou de passage ont conservé le souvenir de ce chimpanzé fantasque dont la célébrité tenait au moins autant à une longévité hors norme qu’à son habitude de griller cigarettes sur cigarettes à l’abri des barreaux de la cage installée au coeur du parc de la Pépinière ? Un détail comportemental que le politiquement correct plus que jamais en vigueur de nos jours a soigneusement tu dans les chroniques nécrologiques qui ont paru en février 2012, il y a un peu plus d’un an maintenant, lors du décès du médiatique animal.

Né en Centrafrique aux alentours de 1951, ce n’est qu’en 1963 qu’il fit son entrée à Nancy, accompagné alors d’un premier chimpanzé femelle, Catherine, prématurément décédé en 1964. A bien y regarder d’ailleurs, les différentes tentatives initiées au fil des ans pour lui donner de la compagnie se sont toutes soldées par des échecs. Jojo était peut-être voué à un destin de grand solitaire, certainement plus propice à la légende et à l’appropriation exclusive d’une renommée locale qu’une vie commune, dans tous les sens du terme.

Un peu moins célèbre ces dernières années, en tout cas pour les jeunes générations dont le « tour au zoo » n’apparaît vraisemblablement plus au rang des divertissements de premier choix, Jojo s’est éteint le 20 février 2012 à un âge canonique pour un être de son espèce, 60 ans.

Que faire cependant de sa dépouille ? La question se posa. Pouvait-on décemment se débarrasser d’une mascotte pareille ? Son souvenir était-il suffisant dans la mémoire collective sans l’appui d’une enveloppe charnelle qui en avait habité le souffle pendant tant d’années ? L’émotion était à son comble et la Ville aux Portes d’Or trouvait là matière à débats et controverses. Jusqu’à ce que décision soit prise, décision ferme et irrévocable comme le sont toujours les décisions de cette importance (sic) : Jojo serait embaumé. Ou plutôt naturalisé. Mais pas n’importe comment ! Et pas par n’importe qui ! La lourde tâche de stopper les injures du Temps fut confiée à Yves Gaumetou, taxidermiste lillois réputé, dont la mission consista à repositionner la peau traitée du pauvre Jojo sur un squelette en mousse expansée, immortalisant l’animal dans une gestuelle expressive et, parait-il, pleine de sens. Toujours est-il qu’à défaut de retrouver l’horizon hachuré de barreaux de son habitat citadin, le chimpanzé historique trône désormais entre les parois d’une cage de verre au sein des collections du Musée Aquarium de Nancy d’où il semble nous jeter à la figure la folle vanité de vouloir arrêter le temps. Vanité des vanités, tout est vanité et poursuite du vent… Sacré Jojo, va !...

PhotoJT JulesTrousset 1886

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