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Les livres de Jérôme Thirolle
27 septembre 2015

Le mystérieux inconnu...

 

Timbre rose JT

Le boiteux du parc Sainte-Marie (Editions Gérard Louis) : suite...

Sur les coups de douze heures trente, l’atmosphère de l’Exposition changeait du tout au tout et de vastes mouvements de foule s’opéraient en direction des établissements de restauration. Il faut dire que ceux-ci ne manquaient pas mais les places pouvaient rapidement faire défaut les jours de forte affluence. Le Consortium des Brasseurs de l’Est s’était organisé en conséquence pour faire de chaque instant sur le parc un véritable moment de détente. Réunissant les douze brasseries de Tantonville, Champigneulles, Maxéville, Vézelise, Nancy, Charmes, Xertigny, Baccarat, Montbéliard, Neufchâteau, Ville-sur-Illon et Reims, le Consortium assurait chaque jour des milliers de couverts dans ses trois lieux d’accueil : le Grand Restaurant, le Cabaret champêtre et le Tea Room.

 

Des amis venus les semaines précédentes avaient recommandé à Zélie le restaurant du rez-de-chaussée de la Ferme lorraine où l’on servait une quiche inoubliable, agréablement arrosée d’un bon vin gris de Thiaucourt particulièrement appréciable par ces fortes chaleurs de juillet.

 

Mais il fallait se faire une raison : il était tard et toutes ces tables copieusement fournies se trouvaient à bonne distance. Dans le meilleur des cas, il leur aurait fallu traverser toute une partie du parc pour accéder à l’une d’elles, sans avoir cependant la garantie d’y trouver de la place.

 

— Que dirais-tu, ma chérie, d’aller déjeuner à la Taverne alsacienne ?

 

— Excellente idée, ma tante ! La faim commence à me dévorer et je ne me sens pas le courage de marcher sous ce soleil sans rien dans le ventre.

 

— Parfait ! Tiens, regarde là-bas, j’aperçois une table vacante sous l’auvent de la terrasse, nous y serons très bien.

 

Le temps de passer commande et leur repas fut vite servi. En l’espace d’une quinzaine de minutes, une foule considérable se rua sur la moindre chaise inoccupée.

 

De leurs places, Zélie et Camille apercevaient les hautes structures de deux attractions phares de l’Exposition, en sommeil pendant le temps de midi : le Huit-Volant et le Double Tourbillon. Plus loin, elles pouvaient également distinguer sans peine dans les allées désertées les silhouettes chantournées de deux petits kiosques, le Kina Lilet et le stand commun des Sœurs Macarons et du champagne Canard-Duchêne. Plus loin encore, on devinait la charpente métallique des Gaufres Meire d’un côté de la Grande Allée ainsi que la Maison Djamal du Palais Tunisien de l’autre.

 

Camille finissait par oublier un peu ses tourments et Zélie était en passe de gagner son pari.

 

En quittant la Taverne, elles se dirigèrent vers un grand panneau de bois blanc sur pied qui annonçait le programme du jour :

 

— Tu vois, il n’y a vraiment pas de quoi s’ennuyer… Zélie ne termina pas sa phrase car elle fut interrompue par le braiment d’un âne surgi d’un bosquet voisin.

 

Camille sursauta de frayeur.

 

— Je ne m’y attendais pas, reprit-elle avec un peu de tremblement dans la voix. Mais d’où vient cet animal ?

 

— Je crois qu’il s’agit d’une attraction, ma tante. Une balade à dos d’âne.

 

— Tu aimerais ?

 

— Je ne sais pas, ma tante.

 

— Allons donc, tu es ici pour t’amuser ! Monsieur, Monsieur s’il vous plait, la petite peut-elle faire un tour ?

 

— Bien sûr, Madame, je suis là pour ça ! Venez mon enfant et approchez-vous de Carotte sans crainte, elle est douce et gentille. Tenez, caressez-lui un peu le dessus du museau, elle adore.

 

Un groupe de plusieurs ânes les rejoignit, chacun monté d’un enfant.

 

— Ça y est, nous sommes au complet ! s’écria l’homme que Zélie avait interpellé. Mesdames et Messieurs, nous allons faire découvrir à vos adorables chérubins les trésors de l’Exposition. Nous longerons les allées circulaires du parc Sainte-Marie puis nous tenterons une incursion sur le terrain Blandan en contournant le Jardin français, jusqu’au Palais des Fêtes pour revenir par le kiosque à musique. Notre petit voyage aux confins des terres connues, déclamait-il avec emphase et force gestes théâtraux, devrait nous voir revenir ici même dans une heure environ ! Soyez au rendez-vous car vos enfants auront mille découvertes à vous raconter !

 

Un frémissement de bonheur traversait l’assistance juvénile.

 

— Cavalières et cavaliers, en selle ! Agrippez bien vos montures, nous partons !

 

La petite troupe s’ébroua gaiement au milieu des cris d’enfants et des vociférations intempestives de deux ou trois ânes récalcitrants.

 

Zélie fit un petit geste de la main puis alla se protéger du soleil sur l’un des nombreux bancs aménagés du parc, une armature légère supportant un dais de toile rayée bleue et blanche permettait d’y trouver le repos à l’ombre.

 

La fatigue accumulée tout au long de la matinée et la forte chaleur qui régnait en ce début d’après-midi la découragèrent cependant de pousser jusqu’à la Maison Moderne, prototype d’aménagement intérieur exposant tous les progrès domestiques de ce début de XXe siècle et dont on lui avait parlé comme d’une réussite absolue de confort et de modernité.

 

Il ne lui restait donc plus qu’à attendre paisiblement les enfants et leurs modestes destriers, en espérant que Vernet, l’artiste-peintre, ne réapparaisse pas au détour d’un fourré.

 

La petite troupe fut de retour une heure plus tard, comme prévu, fourbue mais enchantée.

 

— Vous voilà rendus, gentes dames et damoiseaux ! J’espère que notre expédition vous a plu et que vous garderez un bon souvenir de votre périple asinien ! Sur ce, bon après-midi ! Serviteur !

 

Zélie ne pouvait s’empêcher de sourire en écoutant le verbe haut en couleur et la voix caverneuse, abyssale même, de ce colosse à l’épaisse moustache grise et au crâne lisse sous le tricorne de feutre. Ancien palefrenier d’un nobliau lorrain parti du jour au lendemain faire fortune en Amérique, Evariste Blanchard s’était fait une spécialité des promenades à dos d’ânes et transformait dans ses narrations le moindre rocher en tombeau mystérieux et le moindre tronc d’arbre en géant pétrifié lors d’une mémorable bataille antédiluvienne. Les enfants en raffolaient et les parents appréciaient la culture et les manières racées de ce cicérone débonnaire.

 

Camille sauta aussitôt dans les bras de sa tante et l’assaillit d’innombrables descriptions enthousiastes. Elle mit presque un quart d’heure à se calmer.

 

— Ma chérie, ces émotions ont dû te creuser ! Veux-tu que nous allions prendre un rafraîchissement avec une bonne gaufre bien moelleuse comme tu les aimes ?

 

— Oh oui, ma tante ! Et avec tout plein de sucre glace dessus !

 

Elles allèrent s’installer à la terrasse de la Maison Meire qui se trouvait non loin de là.

 

— Je vais chercher ce qu’il faut et je reviens, ne bouge pas.

 

— N’ayez crainte, ma tante, je reste là.

 

Pendant que Zélie partit passer commande au comptoir de l’échoppe, Camille se cala les épaules aussi confortablement qu’elle le put contre le dossier de la chaise de bois et se mit à observer les allées et venues des promeneurs.

 

Trois constats s’imposèrent à elle : d’abord, les messieurs tête nue étaient rares, à l’exception de Vernet bien sûr ; ensuite les canotiers de paille clairs sertis d’un élégant bandeau de satin noir l’emportaient en nombre sur les chapeaux melon ou les hauts-de-forme ; enfin les femmes portaient à peu d’exceptions près - la tante Zélie par exemple - des ombrelles, bien utiles par le temps qu’il faisait.

 

Lors de son petit périple avec Evariste Blanchard, elle s’était également étonnée de la profusion d’échelles disposées ça et là, sur nombre de Palais et de bâtiments. Certes, leur présence se justifiait certainement par des impératifs de réparations ou d’entretiens réguliers mais leurs apparitions répétitives donnaient à l’ensemble un air d’inachevé, un aspect décor de théâtre du plus mauvais effet.

 

Alors qu’elle se laissait aller mollement au gré de ses pensées, un fracas de chaises renversées la tira soudainement de ses songes. De l’autre côté du kiosque, à une dizaine de mètres devant elle, un jeune homme affolé venait de surgir brusquement, cherchant à fuir on ne sait quel danger.

 

Plutôt que de contourner l’obstacle, il le renversa dans sa course folle, manquant de l’interrompre par une chute brutale. Un déhanchement qui traduisait vraisemblablement une légère claudication ne lui facilitait pas la tâche.

 

La scène ne dura que quelques secondes mais ces secondes parurent une éternité à la jeune fille, pétrifiée par cet événement inattendu.

 

Elle croisa le regard de ce jeune homme aux cheveux d’un blond proche du blanc et perçut en lui une profonde détresse qui la bouleversa instantanément. Il avait surgi du côté du pavillon de la Chambre de Commerce et disparaissait maintenant en direction des massifs d’arbustes qui entouraient celui de l’Ecole de Nancy. Au moment de passer à sa hauteur, un objet s’échappa de sa veste de toile et tomba aux pieds de Camille. Il ne s’était pas passé un bref instant qu’un groupe d’une vingtaine de sous-brigadiers et de gardiens surgirent à leur tour et se précipitèrent aux trousses de celui qui venait de s’enfuir vers les Palais de Blandan.

 

Personne ne semblait avoir vu qu’il avait perdu une sorte d’enveloppe épaisse. N’écoutant que son instinct, Camille se précipita, ramassa le paquet, le dissimula sous ses vêtements et retourna s’asseoir comme s’il ne s’était rien passé. Juste après, sa tante revint avec deux épaisses gaufres fumantes et deux verres de limonade bien frais.

 

Elle n’avait rien vu ni entendu mais trouva tout de même à sa nièce un “drôle d’air” au moment où elle déposait ses achats sur le guéridon de tôle blanche.

 

— Ça va, ma chérie ? Tu as l’air toute pâle.

 

— Non, non, ma tante, rassurez-vous, je vais bien ! Sûrement cette chaleur.

 

— Oui, tu dois avoir raison. Allez, après l’effort, le réconfort. Tu es heureuse d’être ici ?

 

— Oh, oui, ma tante ! Bien plus que vous ne pouvez l’imaginer, dit-elle en serrant l’enveloppe contre son flanc.

 

Zélie prit la remarque pour un beau compliment. Ce qu’elle ne savait pas, c’est que sa jeune nièce pensait davantage à l’incident dont elle venait d’être le témoin qu’à leur journée sur le parc. Braver les interdits et goûter aux mystères d’un événement inexpliqué lui redonnait soudain une véritable raison de vivre et d’espérer. Grâce à ce jeune inconnu.

 

Vernet, l’artiste-peintre, apparut soudain à l’intersection de deux allées, au milieu d’un groupe de visiteurs qui attendaient à côté d’un vendeur ambulant d’amandes grillées.

 

— Mais ce sont mes deux princesses du jour que revoilà !...

 

Zélie soupira à l’idée même qu’il allait de nouveau se lancer dans une de ces petites comédies dont il avait le secret. Il s’en aperçut et s’adressa donc à la jeune fille sur le ton de la confidence.

 

— Dites donc, jeune demoiselle, que pensez-vous des merveilles de John Calvin Brown ?...

 

Camille le regarda sans comprendre.

 

— John qui ? lui demanda Zélie

 

— Calvin Brown !... Voyons, Zélie, ne me dites pas que vous n’avez pas entendu parler de ses attractions ?...

 

Américain établi en Angleterre, John Calvin Brown s’était en effet vu confier par le Directeur après qu’ils se soient rencontrés à Londres l’année précédente lors de la Grande Semaine Lorraine, la concession des manèges de l’Exposition. Il avait donc réalisé à ses frais toutes les installations selon des normes de sécurité très strictes, ce qui lui avait permis ensuite de les exploiter à ses risques et périls, moyennant toutefois le versement d’une rétribution financière aux organisateurs lorrains. Le résultat était à la hauteur des espérances : Huit-Volant, Water-Chute, Pèlerinage (maison hantée), Palais du rire, Cake-walk, Double Tourbillon, Houp-là et Toboggan. Rien de ce qui existait en 1909 ne manquait.

 

A ces installations attractives venaient en outre s’en ajouter d’autres, propres à faire découvrir aux visiteurs des curiosités plus étonnantes encore : Village Sénégalais, Théâtre de Guignol, Aquarium, Chemin de fer circulaire de l’Expo et même le Parc aéronautique qui serait à l’honneur le soir même avec l’arrivée tant attendue du dirigeable Ville-de-Nancy.

 

— Zélie, reprit Vernet, emmenez votre petite protégée du côté des attractions, elle va adorer.

 

Camille ne sembla pas particulièrement intéressée par cette proposition. Elle ne pouvait s’empêcher de penser à l’enveloppe qu’elle portait sur elle et qu’elle souhaitait pouvoir remettre au plus vite à l’inconnu. Mais comment le retrouver ? Comment pouvoir la lui rendre ? Et pourquoi tant d’hommes s’étaient-ils précipités à sa poursuite ?

 

Constatant que la jeune fille était bien plus rêveuse que lorsqu’il l’avait rencontrée la première fois, l’artiste-peintre décida de ne pas insister. Comme tous les bavards, il respectait le silence. Il prit donc congé et s’éloigna sans dire un mot.

 

Zélie, elle aussi, avait perçu un changement dans l’attitude de sa nièce. Elle le mettait cependant sur le compte d’un soudain accès de tristesse ou d’une fatigue grandissante, bien compréhensible étant donné son jeune âge.

 

— Ma chérie, je vois que tu as besoin de repos. Nous pouvons revenir une autre fois si tu préfères ?… Tu veux retourner à la maison ?

 

— Oh non ! s’écria Camille avec une vigueur retrouvée. Elle ne pouvait concevoir de quitter l’Exposition sans avoir retrouvé l’inconnu.

 

— Dis-moi ce que tu voudrais alors, on va faire pour le mieux.

 

Camille réfléchit puis répondit après une seconde d’hésitation.

 

— Je voudrais voir l’Aquarium !

 

Son calcul était simple : de là, elle savait qu’elle aurait un champ de vision qui s’étalerait du Pavillon de la Chambre de Commerce à celui des Femmes de France en passant par les Gaufres Meire, le Kina Lilet, la Maison Djamal et même le kiosque à musique avec son toit couvert d’ardoises violettes et noires disposées géométriquement. Avec un peu de chance, elle ne le manquerait pas s’il revenait.

 

Zélie prit sa nièce par le bras pour s’y rendre. Constitué d’éléments de rocailles cimentés, l’ensemble donnait l’impression étrange d’une grotte sous-marine où la nymphe Calypso aurait trouvé refuge un jour de grande tempête.

 

A l’intérieur, une habile composition aquatique formait une harmonie douce et gracieuse où la flore et la faune s’associaient. Camille jeta un œil distrait aux poissons qui garnissaient la douzaine de compartiments cloisonnés : gardons, ablettes, truites de l’étang de Bellefontaine près de Champigneulles, anguilles, silures, brochets, carpes et même quelques carassins dorés pour donner une touche de couleur à la robe souvent peu rehaussée des poissons de nos rivières.

 

Camille ne parvenait cependant pas à fixer son attention sur le spectacle.

 

En fin de journée, des cris d’étonnement et des applaudissements les avertirent que le dirigeable Ville de Nancy n’était plus très loin. Elles ne mirent pas longtemps à apercevoir la silhouette de l’appareil qui glissait majestueusement dans le ciel nancéien. Long d’une cinquantaine de mètres environ, il surplombait élégamment une longue et étroite nacelle simplement suspendue sous l’enveloppe remplie de plus de trois mille mètres cube d’hydrogène par des filins d’acier presque invisibles depuis le sol. Camille en oublia quelques instants à la fois le mystérieux colis et l’inconnu, tant le spectacle au-dessus de sa tête était fascinant.

 

Construit par la société aéronautique Astra, ce dirigeable, voulu par Henry Deutsch de la Meurthe pour promouvoir les transports aériens alors en pleine expansion, différait de ses homologues allemands, plus connus sous le nom de Zeppelin. Alors que ces derniers présentaient une ossature métallique intégrale, le Ville de Nancy était un appareil de type semi-rigide, beaucoup plus maniable et beaucoup plus sûr.

 

Parti le matin même de Beauval, petite commune située aux environs de Meaux, il survolait lentement l’exposition pour gagner le hangar qui devait l’accueillir à deux pas du terrain Blandan, dans le Parc de la Chiennerie.

 

— Jamais on ne me fera monter là-dedans ! s’écria Zélie en se signant aussitôt. Comment peut-on faire confiance à cette baudruche géante ?

 

Camille n’avait aucune opinion sur cet aérostat qu’elle se contentait de regarder filer selon une trajectoire étonnamment rectiligne, à peine perturbé par les mouvements de l’air. Le pilote, Monsieur Kapferer, savait le manier avec une dextérité hors pair tout en utilisant au mieux l’équilibreur triplan à l’avant et les empennages par ballonnettes à l’arrière.

 

Passés les premiers instants de surprise, de nombreux visiteurs se précipitèrent en direction de la gare du chemin de fer aéronautique. Là, un petit train remorqué par un tracteur à essence emportait à la vitesse impressionnante de douze kilomètres-heure cinq voitures où pouvaient s’installer, dos à dos, huit personnes qui n’auraient manqué pour rien au monde l’atterrissage de ce navire des airs.

 

— Je ne sais pas ce que tu en dis, mais je crois que nous sommes mieux ici… soupira Zélie, avec de la lassitude dans la voix.

 

La fatigue commençait à faire sentir ses effets, d’autant que Camille n’avait plus beaucoup d’espoirs de revoir l’inconnu.

 

— On rentre ? demanda Zélie avec prudence, se souvenant de la réaction de sa nièce quand elle lui avait posé la question la première fois.

 

— Je crois que cela serait plus raisonnable, murmura Camille, un peu triste et déçue.

 

Elles prirent aussitôt, sans enthousiasme, le chemin de la sortie. Perdue dans ses pensées, la jeune fille manqua de trébucher sur les rails du petit train qui traversait la grande allée.

 

Il lui fallait se faire une raison : si la destinée ou le hasard avaient conduit ses pas dans ceux de ce jeune homme mystérieux, le miracle ne s’était pas reproduit malgré ses prières secrètes. Elle aurait même pu croire qu’elle avait rêvé si elle n’avait pas contre sa peau le contact rugueux du papier plié. Elle espérait tant que quelque chose de neuf se produise dans son existence récemment malmenée qu’il ne lui vint pas une seconde à l’esprit que les gardiens du Parc pouvaient s’être lancés à ses trousses pour de bonnes et légitimes raisons.

 

Elle ne voyait en lui qu’un émissaire de la Providence, et dans le fait que le paquet était tombé à ses pieds, le signe que ce dernier lui était destiné.

 

Au moment de partir, elle se retourna pour admirer une dernière fois le spectacle extraordinaire de la Porte Monumentale, illuminée de milliers d’ampoules multicolores dont les lueurs vacillantes se détachaient sur l’obscurité tombante de la nuit.

à suivre...

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