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Les livres de Jérôme Thirolle
20 décembre 2015

Août 1909

PhotoMT

Le boiteux du parc Sainte-Marie (Editions Gérard Louis) : suite...

Août 1909

Solène ne parvenait pas à y croire. Elle allait se réveiller. Il ne pouvait s’agir que d’un cauchemar.

La mort de son mari l’avait fait douter de l’existence de Dieu, mais là c’était carrément l’enfer sur Terre ! Elle manipulait la lettre du bout des doigts avec prudence et incompréhension. Qu’avait-elle fait pour mériter cela ? Il lui fallait voir un notaire au plus vite. Maître Quenouille ferait l’affaire. Avec son aide, elle comprendrait. On ne pouvait pas ainsi la spolier de ses droits. Et pourquoi Hector ne lui avait-il rien dit ? Pourquoi ne lui en avait-il pas parlé ? Elle se serait arrangée, ils auraient essayé de trouver une solution…

Maudit diamant ! Elle s’affala lourdement dans un canapé en soufflant.

Il s’agissait sûrement d’une erreur, tout allait s’arranger.

Pourtant, le papier filigrané à en-tête de la compagnie d’assurances qui avait pris en charge la pierre précieuse était clair : le contrat prévoyait une couverture du risque de vol ou de dégradation dès le premier jour d’exposition du joyau en contrepartie d’une mise en garantie de la demeure personnelle d’Hector Boulier et de sa bijouterie avec la totalité de son contenu.

La fin de la missive était cependant dénuée de toute ambiguïté : “la disparition de la Larme du Ciel étant survenue avant son installation sur le stand réservé à cet effet et le vol ayant été commis sans effraction si ce n’est la violence commise envers le souscripteur dudit contrat, nous avons le regret de vous informer que nous procéderons - dès que possible et conformément aux engagements pris entre les parties signataires- à la vente par adjudication des biens suivants :

- une demeure d’habitation sise rue des Brice à Nancy

- une bijouterie-joaillerie avec atelier et son entier contenu sise rue de la Pépinière à Nancy

Vous remerciant de bien vouloir prendre dores et déjà les mesures afférentes, nous vous prions d’accepter, Madame Boulier, l’assurance de notre entier dévouement.”

Tout allait donc être vendu !

— Les murs, les meubles, les bijoux, tout, tout, tout, s’exclama la maîtresse de maison en sanglotant. Ce n’est pas possible, je vais me réveiller. Pas ça, non pas ça !

De son côté, la police n’avait pas progressé et l’enquête piétinait. Aucun témoin, aucun indice, juste un diamant volé et un bijoutier poignardé à mort.

Le commissaire chargé des investigations n’avait qu’une maigre information : l’expert qui avait examiné les lieux après le crime avait cru discerner deux types de semelles différentes dans les traces de sang sur le sol. Mais avec toutes les allées et venues qui avaient suivi l’assassinat, comment en être certain ? Il ne lui restait plus qu’un espoir : que le ou les voleurs tentent de revendre la pierre à un receleur. Après tout, ils n’étaient pas si nombreux dans la région.

Mais les semaines passèrent et le diamant ne réapparut pas.

à suivre...

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