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Les livres de Jérôme Thirolle
29 décembre 2016

Du cul de la poule...

 

Vendeur d'oeufs PhotoJT

La Pastorale des santons de mon village : le vendeur d’œufs

Il y a bien longtemps, j’ai connu un plombier qui s’appelait « Robinet », alors qu’on m’appelle « crâne d’œuf », j’ai fini par m’y habituer… Ah oui, il faut que je vous dise que je vends des œufs sur le marché du village, c’est mon métier ! Vendeur d’œufs, c’est sûr que c’est moins bien que médecin, footballeur ou astronaute. Mais d’une, on a déjà un médecin ici, de deux il n’y a pas de terrain pour s’adonner à la pratique du ballon rond et de trois la seule étoile que je connaisse c’est celle qui brille au-devant de la crèche et sauf à ce qu’on me démontre le contraire, je pense qu’aucun engin spatial ne pourra jamais s’y attarder… Alors, vendeur d’œufs, ça me va.

Disons aussi que j’ai…le physique de l’emploi ! Le profil, comme on dit de nos jours. Un emploi comme celui-là, pas question cependant de le faire à la légère, je travaille dans les règles de l’art, moi ! On ne rigole plus avec la traçabilité aujourd’hui… Encore que dès fois j’ai l’impression que plus on veut connaitre les choses et moins on en sait sur elles à la longue finalement … A vouloir tout maitriser, on ne contrôle plus rien en réalité. Mais là n’est pas la question. Je travaille dans les règles de l’art, disais-je. Ou plutôt dans l’art des règles. Tout est question d’appréciation… Croyez-moi, du cul de la poule au cabas de l’acheteuse, il en a fait du chemin, mon œuf ! Mais j’ai tout fait comme il fallait. Chez moi, c’est la « DDCSPP » (prononcer dédé cé esse pépé) qui s’en occupe. La Direction départementale de la Cohésion Sociale et de la Protection des Populations de mon village. Le temps de prononcer son nom et je ne sais déjà plus de quoi je parle… Mais c’est l’âge, sûrement. C’est que je ne suis plus tout jeune à force d’arpenter les marchés depuis mes 16 ans… J’y suis donc allé et on m’a fait remplir un formulaire un peu compliqué mais avec une Marianne bleu-blanc-rouge au-dessus, alors on fait attention dans ces cas-là car la moindre bourde vous envoie je-ne-sais-où, à coup sûr. J’ai déclaré mon élevage en bonne et due forme : nombre exact de poules (pourvu qu’il n’y ait pas de virus H1 machin chouette cette année sinon je devrai tout recommencer…), attestation de « production par mes soins » et déclaration du mode d’élevage : « biologique, en plein air, au sol ou en cage ». Moi, c’est dans un poulailler, tout bêtement. Mais c’est pas tout ! Une fois que je suis en règle côté poules pondeuses, c’est l’œuf en lui-même qui me donne du boulot (au propre comme au figuré, c’est vrai !) : sacrosainte traçabilité oblige, je dois désormais inscrire sur chaque œuf à l’encre alimentaire le mode d’élevage, le lieu de la ponte, la date, mon numéro d’éleveur et j’en passe… Attention, « Les inscriptions doivent être clairement visibles et parfaitement lisibles » : ben oui, c’est vrai que c’est une surface qui se prête parfaitement à l’écriture la coquille d’œuf, je ne sais pas pourquoi je me pose des questions…

Mais bon, foin de mauvais esprit, s’il faut en passer par là pour gagner sa vie alors on n’a pas trop le choix. Il ne me reste plus après qu’à les emballer délicatement dans un cornet de papier journal (un journal du soir de préférence, je trouve que c'est mieux pour mes oeufs du matin...) et à les tendre à mes acheteuses habituelles. Heureusement qu’elles ignorent à peu près tout de ces nouvelles normes ! Croyez-moi, ce sont vraiment des « crânes d’œufs » qui ont dû « pondre » ces règles !... Et dire que c’est moi qu’on appelle comme ça, pfff….

 

À suivre…

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