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Les livres de Jérôme Thirolle
31 mars 2017

Une surprenante découverte !

Fossiles PhotoJT

Chapitre 3 Une surprenante découverte

 

L’année dernière, samedi 26 avril en début d’après-midi,

 

— Faites attention à vous les enfants, c’est dangereux par ici ! s’écria le quadragénaire entouré d’une joyeuse petite troupe au pied de l’impressionnante falaise de Thou.

Cadre supérieur le reste de la semaine, il avait troqué son traditionnel costume-cravate pour une tenue un peu plus “baroudeur”, en phase avec la mission qu’il s’était confiée : emmener ses deux filles, Madeleine et Constance, ainsi que ses trois neveux, Hippolyte, Aristide et Augustin, dans une chasse aux fossiles qu’ils n’oublieraient pas de sitôt. Tout un programme ! Nos apprentis scientifiques avaient rassemblé l’équipement nécessaire pour une telle aventure : marteau de géologue, brosses, burins de graveur sur pierre, truelle, loupe, boussole, carnet, crayon, appareil photo numérique et seringue anti-venin, au cas où...

Sans oublier un formidable enthousiasme qui rendait cette expédition prévue de longue date un peu difficile à maîtriser.

L’objectif était clair : ramener au moins une belle ammonite, ce céphalopode d’antan qui peuplait les mers il y a quelques centaines de millions d’années et qui avait fini par disparaître, comme la plupart des espèces de cette époque, lors de l’extinction massive du Crétacé.

— Mettez vos casques, je vous l’ai déjà dit ! répéta-t-il deux fois avec un peu d’agacement dans la voix. Des fragments de roche tombent régulièrement du flanc de la falaise !

Les enfants recouvrirent leur tête de leur protection de plastique rigide couleur jaune d’œuf puis ajustèrent sans protester les jugulaires de caoutchouc sous leur menton. La petite équipe évoluait lentement parmi les broussailles et les arbustes à la recherche de l’hypothétique trace de ces animaux fantastiques surgissant du passé au gré d’une roche sédimentaire ouverte en deux par le gel, l’érosion ou le choc d’un maillet. C’était un peu comme ces cadeaux que l’on déballe à Noël sans savoir ce qu’ils contiennent.

Il régnait parmi les enfants une ambiance d’espérance teintée d’intense fébrilité.

Et chacun de retourner des pierres, d’écarter des buissons, d’arracher des lichens ou des mousses, d’observer, de scruter les moindres reliefs d’un roc. Ils ne virent pas les heures passer, tout occupés qu’ils étaient à chercher ces indices d’un autre âge de la Terre. Le moment du pique-nique tant attendu approchait.

C’est alors qu’au beau milieu de cet univers de cailloux brisés, les voix des enfants - rassemblés devant un renfoncement dissimulé dans l’épaisseur de la falaise de Thou et protégé des intempéries par une sorte d’auvent naturel se mirent à retentir dans une agitation aussi vive que soudaine :

— Papa ! Tonton ! Papa ! Tonton ! s’écrièrent-ils d’un même élan. On a trouvé quelque chose !

 

 

Journal télévisé de 13 heures

 

— Mesdames et messieurs, bonjour ! Bienvenue dans notre édition de 13 heures !

Le ton enjoué mais ferme de la présentatrice avait le don, en quelques mots, de capter l’attention des téléspectateurs qui se trouvaient devant leur écran.

— Les titres ! Israël – Palestine : les pourparlers en cours semblent se diriger vers un accord historique ; Inondations : les rivières en crue dans le Sud-Est ont encore provoqué d’innombrables dégâts cette nuit ; Mouvement social : préavis de grève dans le public comme dans le privé pour le 29, de fortes perturbations en perspective.

Mais tout d’abord, débutons par une histoire merveilleuse qui vient de se dérouler au pied de la falaise de Thou. Cinq enfants, Madeleine, Constance, Hippolyte, Aristide et Augustin, étaient partis à la chasse aux fossiles de bon matin quand ils ont fait, un peu avant midi, une bien étrange découverte.

Notre envoyé spécial sur place va vous raconter la suite…

— Merci Caroline ! Il s’agit en effet d’une trouvaille rocambolesque. Je vous laisse imaginer la stupéfaction de ces enfants quand ils sont tombés, non sur des ammonites comme ils s’y attendaient, mais sur… d’anciens vestiges d’une catastrophe ferroviaire survenue au pied de cette falaise en 1917 !

— Mais l’histoire ne s’arrête pas là, Julien… reprit la présentatrice en duplex depuis son studio.

— Non, effectivement, Caroline ! Car si nos petits Sherlock Holmes auraient pu se contenter de quelques vieilles carcasses de wagon rouillées perdues dans les ronces ou de quelques débris oubliés, leur flair les a conduits jusqu’à la seule cavité où s’étaient glissés à l’époque du drame plusieurs sacs de courrier.

— Oui, car c’est bien de cela dont il s’agit : ils ont découvert des sacs postaux acheminés à l’époque par ce convoi qui avait tragiquement terminé sa course dans le vide !

— Tout à fait Caroline. Un convoi composé pour moitié de wagons de voyageurs et pour moitié de wagons de marchandises avait, pour des raisons qui n’ont jamais été élucidées, entraîné la mort de plusieurs centaines de personnes. Une catastrophe survenue en pleine Première guerre mondiale et dont le souvenir avait totalement disparu avec le temps. Et c’est bien involontairement que ces enfants ont mis à jour l’une des traces les plus émouvantes de cet accident.

— Merci Julien, dit-elle en se tournant vers une personne qui était assise sur sa gauche. Nous sommes en direct avec Monsieur Paul Mazette, responsable du service relation clientèle de La Poste. Monsieur Mazette, est-il possible de retrouver après tant d’années ce courrier intact ?

— Disons que seule une conjonction de situations exceptionnelles pourrait permettre à du papier de résister en pleine nature aux effets destructeurs du temps…

— Et c’est ce qui s’est passé là-bas !

— Oui, enfin… peut-être : il est encore un peu tôt pour l’affirmer mais aussi invraisemblable que cela puisse paraître, deux ou trois sacs postaux sur les vingt-quatre qu’acheminait ce train n’ont pas été récupérés après le drame. Il semble qu’ils soient passés inaperçus en raison d’un repli de la roche qui les a protégés jusqu’à ce que ces enfants les y découvrent.

— Que va-t-il se passer maintenant ?

— Sur les deux ou trois sacs retrouvés, nos experts pensent qu’un seul est à peu près intact et relativement bien conservé.

— Au point d’être acheminé à nouveau vers les destinataires, plus de quatre-vingt-dix ans après la catastrophe ?... reprit Caroline avec un brin d’ironie dans la voix.

— Mieux vaut tard que jamais, comme dit le proverbe ! répondit Paul Mazette sur le même ton. Ce sac sera minutieusement trié et analysé. Des recherches d’adresses vont être effectuées mais, comme vous l’avez fait remarquer, la tâche relève de l’exploit, presque un siècle après leur acheminement initial.

— Comment comptez-vous faire alors ?

— Nous avons déjà pris des contacts avec d’importantes associations de généalogistes qui devraient nous aider à identifier d’éventuels descendants encore vivants.

— Merci Monsieur Mazette. Plus de quatre-vingt-dix ans pour avoir son courrier ! Affaire à suivre !... conclut-elle en reprenant son sérieux pour aborder le sujet suivant.

Les services de la Poste se mirent en quatre pour relever un défi qui paraissait, d’emblée, inatteignable. Ils nettoyèrent puis restaurèrent les plis que le temps avait endommagés. Une équipe restreinte de six personnes s’attacha plus particulièrement à retrouver les héritiers des destinataires initiaux. Une gageure qui tourna vite au casse-tête. Il fallait en effet d’importants moyens pour y parvenir, après avoir trié chaque lettre par département, vérifié les adresses et exclu toute homonymie supposée.

Un site de recherches généalogiques en ligne au nom évocateur de “Mes racines d’antan” - mesracinesdantan.com se proposa alors de sponsoriser l’opération et de la faciliter avec ses propres moyens d’action tant les retombées médiatiques puis financières s’annonçaient alléchantes. Un partenariat redoutablement efficace vit ainsi le jour.

 

 

Journal télévisé, un mois et demi plus tard...

 

_ Vous vous souvenez sans doute de ces enfants qui avaient découvert des sacs postaux ensevelis au pied d’une falaise depuis plus de quatre-vingt-dix ans ? Eh bien, grâce aux efforts conjugués de la Poste et de la société “mesracinesdantan.com”, un miracle va bientôt s’opérer ! En effet, sur les deux cent quarante-huit lettres retrouvées et exploitables, cinquante-neuf vont enfin arriver à destination ! Mesdames et messieurs, surveillez vos boîtes aux lettres ! Vous faites peut-être partie de ces rescapés du temps…”

 

à suivre...

 

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