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Les livres de Jérôme Thirolle
22 décembre 2018

Chapitre 27 Le cachot

Cachot photoJT

Chapitre 27 Le cachot

Victoire était enfermée dans une sorte de cave. Seule une lumière diffuse passait difficilement à travers un soupirail fermé par une plaque ajourée, éclairant à peine sa peau laiteuse dans cette semi-obscurité. Elle se trouvait recluse dans ce réduit humide et sombre depuis plus d’une journée maintenant. Elle avait appelé à s’en briser la voix, frappé sans relâche sur la lourde porte pour signaler sa présence. En vain. Elle n’entendait rien ni personne. Aucun bruit. Un peu comme si elle s’était retrouvée abandonnée en plein désert.

Trop peu vêtue pour un tel endroit, elle avait froid. Elle grelottait. Elle tremblait. Elle avait aussi très faim. Les heures passaient. Epuisée, terrorisée, elle n’avait plus la force de crier. À la nuit tombée, son courage l’abandonna et elle finit par s’endormir.

Un bruit de moteur et un claquement de portières la réveillèrent soudain. Malgré sa faiblesse physiologique et morale, elle parvint à rouvrir les yeux. Elle entendait des voix au loin. Puis des sonorités plus précises. Il y avait des gens juste au-dessus d’elle. Petit à petit, elle parvint à identifier un son métallique, le bruit d’une chaise traînée sur du parquet. Puis des pas dans un escalier. Des pas qui se rapprochaient… Paniquée, elle se déplaça à tâtons sans se redresser, jusqu’à se blottir contre le mur en dessous du soupirail. La sensation glacée du mur humide sur sa peau lui fit l’effet d’un électrochoc. Elle faillit en perdre connaissance. C’est alors qu’un loquet fut actionné et qu’une ouverture dans la porte laissa pénétrer dans la pièce l’éclat d’une violente lumière électrique qui l’aveugla.

Elle ne put distinguer quoi que ce soit sur le moment mais entendit très distinctement ces mots :

— Veille sur elle, je reviendrai demain.

Elle eut alors, malgré la douleur et l’effroi, la conviction de connaître cette voix… Rassemblant toute son énergie, elle se leva d’un bond, se dirigea vers la porte mais trébucha sur les marches d’un escalier. L’ouverture se referma.

Elle cria, frappa à nouveau puis s’effondra en pleurant.

— Mais qui êtes-vous, que me voulez-vous ? Je n’en peux plus…

Un étage plus haut, l’homme qui avait parlé s’adressa à celui qui l’avait conduit jusqu’à ce cachot improvisé.

— Elle est presque à point ! Encore une nuit là-dessus et elle craquera sans peine. Fais néanmoins très attention à elle !

— À quelle heure viendrez-vous demain ? demanda le geôlier en regardant sa montre. Du moins, une de ses montres. Il en portait toujours trois au poignet : la sienne, celle de son père et celle de son grand-père, d’où son surnom de Triplet. Un drôle de personnage qui avait deux passions dans la vie, liées l’une à l’autre d’ailleurs : le temps qui passe et les œuvres de saint Augustin…

— Demain je t’ai dit, Triplet ! Tu verras bien... Et cesse de regarder l’heure sans arrêt !

Vulnerant omnes, ultima necat! répondit-il.

— Justement… répondit l’homme. Préoccupe-toi plutôt de cette femme en bas. Ta dernière heure n’est pas encore arrivée…

Triplet sourit en regardant l’heure à nouveau.

L’homme s’en alla, laissant Victoire prostrée et sanglotante dans le sous-sol.

à suivre...

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