Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Les livres de Jérôme Thirolle
6 janvier 2020

La Pastorale des santons de mon village : la cigogne

La cigogne PhotoJT

La Pastorale des santons de mon village : La cigogne

 

Lorsqu’on l’a vue arriver dans le ciel rougeâtre du matin, les sourires se sont multipliés sur les visages… Un nouveau bébé venait de voir le jour !

Il faut dire qu’elle se faisait de plus en plus discrète ces dernières années, la cigogne. A une époque, ses allées-et-venues incessantes allaient presque jusqu’à agacer les villageois, tant du fait de ses cris que de celui des pleurs des nouveau-nés qu’elle venait déposer à la porte des demeures élues. Et puis, au fil des ans, ses passages se sont faits moins nombreux, insensiblement, au point de douter de son existence même… Ces derniers mois, du moins avant ce matin, les rumeurs allaient bon train, certains osant même prétendre que les bébés naissaient en fait dans des cliniques ou des hôpitaux sans âme… Pareille époque ne peut que laisser pantois ! Pourtant, la réalité toute nue est plus simple qu’il n’y parait : pas de cigogne, pas de bébé, c’est tout…

Alors je vous laisse imaginer l’émotion qui a parcouru les rues et les ruelles lorsqu’elle s’est montrée dans le ciel, peu après l’aube. Et chacune et chacun d’observer son vol, de suivre, les yeux vers l’azur, les longues circonvolutions de cet animal si singulier au-dessus des toits, son précieux petit paquet miraculeusement suspendu à son bec… Et chacune et chacun de deviser entre voisins autour de la fontaine, devant le porche de l’église ou de la mairie, à la sortie d’un café ou en face du four à pain, avec une seule et même question sur toutes les lèvres : où va-t-elle se poser ? Qui seront les heureux parents de ce cadeau descendu du ciel ?...

La cigogne est porteuse d’une bonne nouvelle et la bonne nouvelle c’est la naissance d’un petit garçon ou d’une petite fille qui réjouira le foyer qui va l’accueillir et qui redonnera de l’amour à un village qui, tout entier ces derniers temps, avait tendance à s’assoupir un peu…

_ Béni soit cet animal ! s’écria Monsieur le curé avec enthousiasme en l’apercevant. Je vous l’avais bien dit qu’il fallait croire et espérer !...

Après de longues minutes à tournoyer entre les nuages, la cigogne s’est posée devant une petite maison. De son cri si caractéristique, elle a signalé sa présence matinale et imprévue à ses occupants qui, aussitôt, sont sortis. Passés les premiers instants de surprise, ils se sont mis à pleurer, se sont serrés très fort l’un contre l’autre, puis se sont avancés lentement vers l’animal au port majestueux. D’un mouvement lent mais précis, l’échassier a dénoué de son long bec le linge qui protégeait l’enfant puis a laissé sa mère le prendre avec délicatesse, sans un bruit, sans un cri. Les larmes qui coulaient sur les joues de cette femme étaient des larmes de joies : l’annonce certaine d’un bonheur nouveau qui allait irradier de sa chaleur une petite maison anonyme. La cigogne fit quelques mètres puis s’envola sans se retourner. Sa mission était accomplie.

On la vit encore longtemps dans le ciel puis, minuscule point au-dessus de l’horizon, elle disparut tout à fait. Laissant cependant derrière elle l’espoir réconfortant d’un possible retour prochain…

À suivre...

Publicité
Commentaires
Les livres de Jérôme Thirolle
Publicité
Les livres de Jérôme Thirolle
Archives
Albums Photos
Pages
Publicité