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Les livres de Jérôme Thirolle
17 décembre 2021

Le viaduc de Chaumont…

 

Viaduc timbre Photo JT

Le 31 août 1944, vers 18 h 30, Élise sursauta en entendant le fracas d’une gigantesque explosion. Elle pensa aussitôt que la ganterie avait été dynamitée ou bombardée. Toutes les vitres de sa demeure en tremblèrent de longues secondes. Elle décrocha son téléphone et fut vite rassurée par le concierge. Lui aussi avait entendu le bruit sourd de la déflagration mais il la situait de l’autre côté de la ville. Les Allemands s’étaient rabattus sur un objectif à la fois plus stratégique et plus symbolique : le viaduc.

Surplombant la vallée de la Suize depuis 1856, le plus grand ouvrage d’art en pierre de taille d’Europe occidentale alignant ses cinquante arches sur plusieurs centaines de mètres de long, venait de voir s’effondrer une partie de sa structure dans un épouvantable tourbillon de fumée et de poussière. S’il ne restait plus rien des trois arches qui enjambaient l’ancienne route de Villiers-le-Sec, les rails, eux, avaient résisté et continuaient de relier à son sommet, suspendus dans le vide, les deux parties du viaduc désormais séparées l’une de l’autre.

Les semaines qui suivirent furent incroyablement confuses. À la ganterie, les Allemands étaient partis du jour au lendemain. Daniel Lecorium prit la décision d’assurer la direction de l’usine de manière temporaire. Paul, approché un moment, déclina l’offre en rappelant qu’il ne souhaitait pas se mêler des affaires de l’avenue Carnot tout en soulignant qu’Élise pourrait toujours être de bon conseil si le besoin s’en faisait sentir.

Le 13 septembre au matin, les Chaumontais réalisèrent avec surprise que les troupes d’Occupation s’étaient enfuies dans la nuit, détruisant au passage tous les ponts encore debout, dont celui du canal à la Maladière. Les hommes de la 2e DB, aidés des FFI, purent entrer alors dans la ville. Un sentiment extraordinaire de liesse poussa les habitants dans les rues. Les drapeaux tricolores, remisés pendant des années, reprirent leur place aux fenêtres et aux balcons. Qui n’a pas vécu ces instants inoubliables ne peut ressentir le vertige de ce que fut vraiment la Libération...

 

Chapitre 29 Les heures sombres de l'Occupation (Les Doigts d'or d'Elise)

 

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