Les Tamaris !

Tamaris ! Je ne parle pas de ces arbustes dont la floraison de couleur rose tranche admirablement sur un feuillage d’un vert intense mais d’un lieu que j’ai bien connu et qui, ravagé par un incendie récemment, n’est plus.

Les Tamaris : le centre commercial du Haut-du-Lièvre. L’Est Républicain, dans son édition du 27 octobre 2022, résumait ce qu’il en restait en ces termes : « une enfilade de cellules calcinées, mêlant béton noirci et tôle déformée ». « Triste tableau » comme il est dit un peu plus loin dans l’article, oui, en effet, triste tableau pour qui se souvient de cette enclave de verdure enserrée dans le grand quadrilatère des bâtiments tout autour et traversée par les gros pointillés que constituaient les alignements rectilignes et parallèles des skydomes éclairant le niveau inférieur. Les boutiques, le long des coursives, étaient nombreuses et variées : bureau de tabac, photographe, droguerie, divers magasins de vêtements, maroquinerie et, bien sûr, les Coop. Les Coop avec leurs planches d’innombrables petits timbres de couleur qu’il fallait coller pour obtenir, j’imagine, quelques réductions ou avantages…

Il y avait aussi une pharmacie il me semble, sans oublier le cabinet médical et toutes les autres entités hébergées dans ce centre dit commercial, mais dont ma mémoire n’a pas conservé la trace… Je me souviens en revanche du panneau d’affichage devant le tabac près de l’entrée principale avec l’annonce de la mort de Bob Marley. Je ne savais pas qui il était à l’époque, mais sans savoir pourquoi, j’ai toujours cette image en tête aujourd’hui.

C’était un lieu de passage, de discussions, d’échanges, de commerce, de vie, quoi ! Jusqu’à ce que, comme tout le reste du quartier, cet îlot central sombre peu à peu dans la décrépitude, la désolation et l’abandon pour finir par être dévoré par les flammes.

Avec cet ultime épisode du naufrage des Tamaris disparaît un vestige de ce temps, difficile à imaginer de nos jours, où le quartier rayonnait de vie, de sociabilité et de modernité. La faute à qui ? Je n’y reviendrai pas… L’heure est aux constats cependant, et aux regrets surtout. Ceux d’une époque révolue que nous aurons eu la chance et l’honneur de connaître, quoi qu’on puisse penser du Haut-du-Lièvre. J’espère simplement que, tel le Phœnix, il puisse renaître un jour de ses cendres…