Vitrier !

La Pastorale des santons de mon village : Le vitrier

Il les aide à y voir plus clair. Ce n’est pourtant pas Monsieur le curé, ni l’apothicaire, pas même l’instituteur et encore moins Monsieur le maire. C’est tout simplement Monsieur Jules, le vitrier. Vitrier comme l'étaient son père et son grand-père. Plus qu'un métier, un sacerdoce. Au service d’autrui, par n’importe quel temps et souvent dans l’urgence. Celle d’un vent glacial qui pénètre soudain une demeure exposée alors à tous les dangers du retour à la nature, celle du dehors qui culbute sans prévenir le dedans, celle qui vous livre sans barrière à l’envahissement extérieur. Au danger. À la mort. Rien que ça…

Il est aussi l’homme de l’ombre qui fait entrer la lumière, celui qui, de l’épaisseur d’une feuille de verre, pose des limites sans limites, monte des murs de transparence, érige des murailles invisibles. Il faut le voir arpenter les ruelles du village, ses lourdes plaques de verre sur le dos, prêt à remplacer une fenêtre et à découper à la demande vitres et carreaux, besaiguë et couteau à mastic en main. A chacun de ses passages, son cri l’emporte sur tous les autres : viiitriier, vitriiier… Jamais totalement pur, son verre est comme la vie, il n’exclut pas quelques impuretés… Mais qu’importe, c’est du reste qu’il faut retenir l’essentiel, de l’aspect positif des choses, de ce qu’il sait corriger et empêcher. Vitrier un jour, vitrier toujours ! a-t-il coutume de dire à ceux qui veulent bien l'écouter. Mais déjà le devoir l’appelle, il s’en va d’un pas alerte et déterminé. Viiitriier, vitriiier…

À suivre…