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Les livres de Jérôme Thirolle
23 décembre 2018

Le Père Tic-Tac

Le Père Tic-Tac PhotoJT

La Pastorale des santons de mon village : Le Père Tic-Tac

Lorsque vous croiserez le Père Tic-Tac dans le village, vous le verrez certainement une lanterne dans une main et une grosse montre à chaîne dans l’autre, n’en soyez pas étonnés. Je ne dirai pas que l’exactitude est son métier car il ne travaille plus depuis plusieurs années mais elle est plutôt son obsession. Une exigence de tous les instants qui fait de lui le gardien du Temps des villageois.

Le carillon de l’église se met à sonner, il vérifie l’heure qu’il est sur sa pendule ; le jour se lève, il jette un coup d’œil au cadran ; le forgeron, le boulanger et l’apothicaire ferment boutique, il s’assure que rien ne cloche. Rapport à sa vie d’avant. Il travaillait pour les Chemins de Fer. Pas comme chef de gare, non, mais comme agent de quai dans le centre d’aiguillage au fond de la vallée.

Il était chargé d’actionner les mécanismes compliqués qui, d’un mouvement puissant de tout le corps vers l’avant ou vers l’arrière, permettent à une locomotive et à ses wagons de filer vers le nord ou vers le sud, de s’évanouir vers l’Orient ou, au contraire, de s’élancer vers le Couchant. Lourde responsabilité pour un seul homme. Pour un homme seul aussi. Lourde responsabilité qui ne laisse pas indemne et dont les traces, le temps passant, ne font que s’estomper à peine, marquant pour toujours celui qui en était le porteur. Mais pas comme un fardeau, plutôt comme une fierté. Celle du métier ou du travail à accomplir, malgré les contraintes ou la dureté de son exercice, celle du sens des responsabilités, celle enfin d’avoir une place attitrée dans la société des hommes. Nos temps modernes en sont loin désormais mais les santons de la Pastorale sont « hors du Temps », c’est ce qui fait leur particularisme et leur intérêt. Et le Père Tic-Tac est là pour veiller à la bonne marche générale de cette mécanique horlogère où chacun des villageois forme le Tout et où le Tout ne serait rien sans chacun d’eux. Ils « forment société » comme diraient les sociologues, une entité un peu abstraite mais qui ne gomme ni n’ignore les spécificités des hommes et des femmes qui la composent. Ce n’est donc plus à l’indicateur des Chemins de Fer que le Père Tic-Tac obéit mais à une autre partition, celle de la vie de tous les jours, la seule qui vaille et qui nous unit par-delà les différences…

A suivre…

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